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Ballan DIAKITE

Démocratie et Citoyenneté en Afrique

24 Octobre 2015 , Rédigé par Ballan DIAKITE

A la télé comme à la radio, le mot « démocratie » est sur toutes les lèvres. Partout en Afrique, dans tous les pays du vieux continent, des régimes politiques et gouvernements ne cessent de se qualifier de démocratiques. Pourtant, nul part ailleurs si ce n’est en Afrique, le constat des réalités quotidiennes ne semble être en total contradiction avec les principes démocratiques. C’est en Afrique que l’on oserait parler de développement ; de croissance économique ; pendant que dans les villes la mendicité ravage les rues, pendant que l’analphabétisme, la famine, le chômage déciment le Peuple à petit feu. De là surgit un certain nombre de questionnements : D’où viendrait donc cette contradiction entre le discours politique et les réalités sociales ? Est-ce s’agit-il d’une simple question de communication politique de nos dirigeants pour vendre l’image de nos pays et, par là même, s’attirer quelque crédit aux yeux des grandes institutions politico-financières internationales ? Ou au contraire, est-ce s’agit-il de la pure démagogie de nos représentants politiques qui voient par là un moyen de duper une fois de plus le peuple en vue des prochaines élections ?

Les questionnements sont nombreux et multiples. Néanmoins, pour peu que l’on sache, les pays africains enregistrent aujourd’hui les taux d’analphabétismes les plus élevés au monde. Mais pire encore, en plus d’un système éducatif inefficace avec des programmes scolaires caducs et inadaptés, ces pays offrent à leur population une formation qui est tout sauf de qualité. Or, si l’anarchie et la tyrannie peuvent marcher avec un peuple ignorant ; tel n’est point le cas de la démocratie. Cette dernière est un luxe que seuls, les peuples immensément riches, moralement et intellectuellement, pourraient se l’offrir. On le sait, depuis l’expérience athénienne, que la démocratie est, de toutes les formes de gouvernement, la plus fragile et la plus difficile à contrôler. Le danger de toute démocratie, c’est qu’en cas d’absence de contrôle réel sur les représentants et les élus ; bientôt on tombe, selon les cas, soit dans une aristocratie, soit dans une oligarchie. Or, ni l’une ni l’autre ne se soucie véritablement des intérêts du peuple. Raison pour laquelle, il est d’une absolue nécessité dans tout Etat démocratique, que le peuple soit suffisamment instruit et informé afin de pouvoir, non seulement défendre ses intérêts mais aussi, veuillez à ce que ses représentants politiques n’outrepassent pas les limitent qu’il leur aurait déjà fixés en avance soit dans la constitution, soit dans n’importe quel texte législatif du pays. Cette attitude de contrôle et cette capacité du peuple à définir ses droits et à déterminer ses devoirs est, dans le jargon juridico-politique, ce que l’on appelle : la Citoyenneté !

C’est quoi donc la Citoyenneté ? Quelle appréciation peut-on faire de la notion de citoyenneté en Afrique ? Par quoi peut-on se déclarer citoyen d’un Etat donné ? Ces différentes interrogations feront l’objet de ma réflexion dans les lignes qui vont suivre...

En effet, la citoyenneté pourrait se définir comme étant un statut juridique reconnu à un individu ou un particulier, attestant et confirmant son appartenance entière à un Etat donné. C’est un statut particulier qui, dès sa source, donne lieu à un certain nombre de droits dont l’un des plus important est, la participation effective des citoyens au processus de prise des décisions politiques au sein de l’Etat. Cependant, il y a lieu de faire la nuance entre Citoyenneté et Nationalité. Quoique la citoyenneté soit une conséquence directe de la nationalité, celle-ci par contre, n’est pas toujours synonyme de citoyenneté. Il est bien possible d’acquérir la nationalité d’un pays sans toutefois, jusqu’à un certain âge, avoir la qualité de citoyen au sein de l’Etat dudit pays. Néanmoins, pour ce qui concerne la citoyenneté, elle fait appel à la responsabilité politique de l’individu ; de son rôle dans la prise des décisions politiques et ; de son influence sur la pratique du pouvoir politique. Raison pour laquelle, la citoyenneté, en même temps qu’elle offre des droits aux citoyens ; elle rend ces derniers dépositaires des devoirs compensateurs des droits acquis. Parmi les droits fondamentaux reconnus aux citoyens, il y a lieu de citer quelques-uns tels que le droit de vote ; le droit d’éligibilité ; le droit au travail ; le droit à la protection sociale ; la liberté d’expression ; le droit de vivre dans un environnement équilibré et digne de santé ; les droits civiques… Ces droits doivent être protégés par la loi et reconnus à tout citoyen sans aucune catégorisation fondée sur le sexe ; l’ethnie ; la religion ; la couleur de la peau ou la sensibilité politique.

Cependant, chacun de ces droits implique quelque part une lourde responsabilité que le citoyen se doit d’assumer impérativement. Ces responsabilités ou devoirs qui sont le respect de la loi ; le respect du droit d’autrui ; l’exigence de fraternité entre les citoyens ; le devoir de s’acquitter des impôts ; le devoir de défense national dans une situation de guerre, de conflit, ou d’attaque ennemie pour défendre le territoire national ; sont en principe des devoirs prévus par la loi et défendus par elle. Tout citoyen doit obligatoirement répondre de ces devoirs et, réclamer en toute égalité, les droits qui en découlent. Au vu de ces explications, il saute à l’œil qu’en Afrique, il est difficile de parler de citoyenneté au sens propre du terme. La citoyenneté en Afrique est une citoyenneté qui laisse encore à désirer. Tant d’éléments, pourtant indispensables, font défaut dans les démocraties africaines pour pouvoir qualifier de citoyen celui qui, en toute vérité, n’est qu’un simple électeur. Très souvent, les hommes politiques africains ne se rappellent du rôle de leurs citoyens que quand arrive l’heure des élections. En ce moment, tous les moyens sont mises en œuvre pour dissuader ou corrompre le peuple, afin de briguer un nouveau mandat. Certains responsables politiques iront jusqu’à vouloir acheter la conscience des citoyens en leur offrant quelques billets de monnaie dans l’optique de bénéficier de leur voie. Cette attitude est non seulement malhonnête et irresponsable, mais elle est surtout antidémocratique.

La démocratie suppose l’expression de la libre volonté des citoyens. Elle suppose également la consultation des citoyens, leur implication, et leur collaboration dans la gestion quotidienne des affaires publiques de la nation. Il s’agit également pour les élus de rendre des comptes aux citoyens et au peuple tout entier. Tant que ces principes ne sont pas concrétisés dans les faits et appliqués dans le quotidien, il est fort évident que la démocratie ne puisse aboutir, peu importe le lieu où le pays dans lequel nous nous trouvions. Or dans le cas de la majorité des pays africains, nul ne saurait dire que ces principes démocratiques et ces valeurs de la citoyenneté sont en parfaite application. Au contraire, dans la plupart des cas, ces principes et devoirs sont mêmes négligés ; piétinés ; et bafoués par les responsables politiques. Et ce, parce que le peuple ignore, par faute d’instruction et d’information, ses droits et devoirs les plus légitimes et les plus fondamentaux. Je dirais donc pour conclure, que pour que la démocratie puisse marcher en Afrique ; pour que la démocratie soit au service du développement en Afrique, il faudrait indéniablement que nos Etats fassent de l’Education une priorité nationale et un devoir de l’Etat et des parents. Car l’Education est, en tout lieu et en toute époque, le pivot du développement dans tous les niveaux. Nelson Mandela ne disait-il pas que l’Education est l’ultime arme que nous puissions posséder et utiliser pour changer le monde ? N’oublions pas que cette Afrique, que nous aimons tant, fait aussi partie de cet ensemble que nous nommons le « Monde » !

Ballan DIAKITE.

Démocratie et Citoyenneté en Afrique
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